La continuité écologique
C’est quoi la continuité écologique ?
Avant d’en expliquer l’importance, penchons-nous sur sa définition.
Son nom plutôt évocateur est défini par le Ministère de l’écologie comme :
« La circulation des espèces et le bon déroulement du transport des sédiments. Elle a une dimension amont-aval, impactée par les ouvrages transversaux comme les seuils et barrages, et une dimension latérale, impactée par les ouvrages longitudinaux comme les digues et les protections de berges, qui peuvent empêcher la connectivité entre le lit mineur et ses annexes (bras secondaires, affluents…). »
Cette définition permet de rappeler qu’il existe deux types de flux en rivières :
• Le flux liquide (l’eau)
• Le flux solide (les sédiments)
La prise en compte de ces deux flux est primordiale afin d’appréhender le fonctionnement d’une rivière. Le flux liquide et ses caractéristiques (vitesse d’écoulement, débit, …) va fortement influencer le flux solide (zone d’érosion, zone de dépôt, …). Ils sont indissociables.
La continuité écologique intègre une dimension longitudinale à la fois pour la dévalaison ou la montaison de la faune ou pour la fluctuation des sédiments. Une dimension latérale est aussi à retenir, les ouvrages latéraux (digue, …). Par exemple, un ouvrage latéral peut barrer l’accès à des zones de frayères pour des espèces tels que le brochet (Esox lucius).
Nous voyons donc que pour assurer la pérennité de ces deux flux, la continuité écologique doit être assurée autant que possible.
L’assurer, c’est assurer la vie
Si assurer la continuité écologique c’est assurer la vie, c’est car elle est indispensable pour de nombreuses espèces. Dans le cycle de vie de la faune piscicole, les poissons (et Agnathes) ont besoin, à leurs échelles, de migrer au sein des cours d’eau pour se reproduire. Ce ne sont pas seulement les grands migrateurs tels que les Saumon atlantique (Salmo salar) ou les Anguilles européennes (Anguilla anguilla) qui ont ce besoin, tous les poissons doivent migrer à un moment dans leurs cycles de vie, notamment pendant la période de reproduction.
Si la continuité écologique peut être assurée parfois par la présence d’ouvrages franchissables (exemple : bras de contournement ou passe à poissons), celle-ci est toutefois biaisée par une altération de la continuité sédimentaire. Prenons l’exemple des Lamproies (Lampetra sp.) qui ont besoin pour migrer d’un matelas alluvial omniprésent afin de s’y attacher. Si les sédiments sont retenus en amont d’un ouvrage, aucune Lamproie ne pourra monter dans le cours d’eau.
Aussi, nous savons que le matelas alluvial (sédiments disposés au fond d’un cours d’eau) permet par des échanges chimiques avec l’eau d’augmenter l’oxygénation de l’eau. De plus un matelas alluvial diversifié permet de créer des habitats propices au développement de la vie (algues, macro-invertébrés etc…). Une rivière sans matelas alluvial est une maison sans toit !
Comment restaurer la continuité écologique ?
Comme évoqué ci-dessus, la continuité écologique peut être rompu de bien des manières : par la présence de buse, par des seuils, par des vannages, … Ainsi, il existe plusieurs techniques différentes permettant de restaurer efficacement la continuité écologique, adaptés et étudiés à chaque situation.
Tout d’abord, la restauration peut être partielle ou complète. Nous parlons de restauration de la continuité écologique partielle lorsque l’obstacle n’est que partiellement retiré, cela peut être le cas pour différentes raisons, par exemple afin de maintenir un usage ou alors afin de préserver une structure proche de l’obstacle.
La restauration est complète lorsque l’obstacle est retiré entièrement permettant l’écoulement naturel des flux liquide et solide. Par exemple, s’il s’agit d’un seuil qui est supprimé, en plus de la suppression, une recharge granulométrique (apport de sédiment) est réalisée en aval du seuil afin de recréer une pente naturelle. Si l’obstacle à la continuité est un pont busé, il est possible de changer le pont en remplaçant le passage busé par un pont constitué d’un dalot supprimant ainsi la chute d’eau responsable de la rupture de la continuité écologique.